Jenny et ses anges du Rent 501

Il est des histoires qui laissent sans voix, d’autres qui redonnent la foi. Celle de Jenny, aujourd’hui directrice du Rent 501, force le respect et inspire le courage.

Alors que sa mère n’a que 16 ans, Jenny, de son vrai nom Eugénie, voit le jour en 1981. Née dans le dénuement, elle est rapidement confiée à différents membres de sa famille, ballottée ainsi entre villes et campagnes. Elle, qui fait ses repas seule dès l’âge de huit ans, mais aussi la bonne pour survivre, subit l’humiliation de ses camarades à l’école en raison de sa pauvreté. A titre d’exemple, lorsque qu’elle vivait à Vatomandry, elle se nourrissait d’épluchures de pommes de terre bouillies… Qu’importe ! Jouant au football, elle occupe le poste d’attaquante, tandis que ses gagne-pains lui permettent de poursuivre ses études dans une école hôtelière. Elle développe sa combativité et son endurance, se forgeant un caractère fort et un tempérament à toute épreuve. Pourtant, coup du sort, elle doit interrompre son cursus hôtelier à cause d’un grave accident de santé.

Toujours à la poursuite de ses rêves, elle travaille dur en tant que serveuse dans la restauration. Un beau jour, mariée avec un français, ils décident de monter ensemble un restaurant en bord de mer, à Tamatave. L’idéal est proche, et elle est enceinte de son deuxième enfant. Mais tragiquement, son mari l’abandonne à la naissance de leur fille. Le restaurant est vendu. Elle doit élever seule ses deux enfants, sans ressources.

N’étant guère du genre à se lamenter sur son sort, elle enchaine la gérance de plusieurs gargotes. C’est ainsi qu’elle fait la connaissance de Marc Barthélémy, qui après de longues années sur la grande île, désire créer une agence de location de quads sur la côte Est. Impressionné par « ce petit bout de femme », jonglant avec une rare dextérité entre son rôle de mère et une gargote tenue d’une main de fer, toujours le sourire aux lèvres, Marc Barthélémy lui propose de diriger sa future agence : le Rent501. Tout reste à créer. Mais sans hésitation elle accepte et se lance corps et âme dans un univers tout à fait nouveau pour elle, et souvent hermétique aux femmes à Madagascar, la mécanique. 

Se révélant naturellement douée pour le quad, elle approfondit sa connaissance des machines, en passant des heures à en étudier le fonctionnement. « Connaître ses enfants », comme elle aime à le dire, être attentive au moindre bruit suspect, est une priorité. Parallèlement, elle dessine les futures pistes en crapahutant elle-même sur les étroits sentiers des villages de l’Est. Grâce aux habitants qu’elle sut mobiliser, ils élargissent les chemins, puis construisent des ponts et des radeaux pour les futurs circuits.

 

Aujourd’hui, elle ne compte plus les kilomètres parcourus. Quand on aime on ne compte pas, et Jenny s’est découvert une passion dévorante. Pour un ordre de grandeur, elle a roulé plus de 4 000 km en deux mois seulement, sillonnant le pays en octobre et novembre 2018. Elle sait allier la culture de l’hospitalité et de la prévenance qu’elle a acquise dans la restauration, avec la puissance et l’intensité des machines. En effet, malgré un sérieux inébranlable dans son travail, elle n’en garde pas moins le mot pour rire à l’intention de chacun de ses clients.

Fière d’être malgache, forte de son activité, elle voyage le monde et les salons pour vanter les beautés de son grand pays dont elle participe activement à la découverte avec le Rent501. A Madagascar, sur les pistes ou à l’agence, elle s’emploie à transmettre sa passion à d’autres femmes par le biais de formations au sein de son entreprise. 

Alors désormais, lorsque vous croiserez les « Rent501 girls », laissez de côté les préjugés pour apprécier les quads et le professionnel de ces femmes, menées d’une main de maître par Jenny. Et si cette dernière vous confie gentiment un Cam An 800, une des plus grosses cylindrées, prêtez l’oreille, car elle connaît mieux que quiconque ses machines et ses pistes…

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